Assida Traoré est l’auteure de « Mamady fête l’Aid » et « Mon voyage chez les Soninkés ». Les deux livres qui ont pour cible principale la jeunesse sont le fruit d’une prise de conscience chez la jeune écrivaine Franco-sénégalaise d’origine soninké que sa double culture est une richesse. Cet ensemble de valeurs, elle le partage par l’écriture en utilisant, à côté du français, les langues africaines (bambara, poular, soninké et wolof). C’est un moyen, selon elle, « de relier parents venus d’ailleurs et leurs enfants nés dans les pays d’accueil. Mais également faire connaître au reste du monde nos cultures au delà des clichés pour favoriser la cohésion sociale ». Dans cette interview exclusive accordée à Soninke.tv, Assida nous parle également de la façon dont ses livres sont accueillis en France. ENTRETIEN…
Soninke.tv: Qui est Assida Traoré ? Parlez-nous de vous et de votre parcours.
Merci à Soninke.tv. Je suis Franco-sénégalaise de l’ethnie soninké. Je suis née et j’ai grandi en France. Je remercie mes parents de m’avoir transmis les valeurs du soninkaxu car cela a favorisé mon ouverture d’esprit et facilité l’apprentissage pour les langues vivantes à l’école. J’ai toujours voulu voyager pour découvrir d’autres cultures alors, je me suis dirigée vers des études en commerce international. J’ai travaillé en Europe, en Asie et en Afrique. Devenue maman, je me suis posée pour élever mon fils. A mon tour, je devais lui transmettre la culture afin qu’il connaisse ses racines, en commençant par sa langue maternelle. Alors j’ai voulu l’éveiller au bilinguisme dès le bas-âge. Naturellement, je me suis tournée vers les livres jeunesse français-soninké. N’ayant pas trouvé dans le commerce j’ai décidé de les écrire. J’ai été voir des éditeurs au salon du livre. Ils ont trouvé le projet génial mais compliqué. Alors j’ai monté ma propre édition qui se nomme Wagadou jeunesse en hommage à l’empire du Ghana dit Wagadou en Soninké.
Vous venez de publier, en 2018, deux ouvrages dont la cible principale est la jeunesse : « Mamady fête l’Aid » et « Mon voyage chez les Soninkés ». Présentez-nous ces œuvres?
Mamady fête l’Aïd, est mon premier livre jeunesse multilingue français, bambara, peul, soninké et wolof. Mamady souhaite faire découvrir, aux tout petits, le déroulement de la journée de l’Aïd pour favoriser l’ouverture d’esprit. L’objectif est d’en faire une collection pour suivre les aventures de Mamady.
Mon voyage chez les Soninkés, est le livre que j’aurais voulu avoir avant mon premier voyage au village de mes parents. Je partais avec des préjugés car on ne nous montre souvent que les aspects négatifs, la misère ! A l’école, on ne nous raconte que l’esclavage et la colonisation. Ont-ils oublié que nos ancêtres ont bâti des empires? C’est un documentaire jeunesse qui explique en images la culture soninké à travers Coumba, 10 ans, française d’origine soninkée, qui, intriguée par ces origines fait des recherches et part à la découverte du village de ses grands-parents. On y découvre l’histoire des Soninkés, les coutumes et traditions via plusieurs thèmes: le village, les savoir-faire, la famille, l’école, l’alimentation… La narration est en français et les illustrations bilingues, français soninké.
« Mamady fête l’Aid » et « Mon voyage chez les Soninkés » sont des ouvrages multilingue, français et langues africaines. Qu’est-ce qui explique ce choix?
J’ai voulu pallier le manque de diversité dans la littérature jeunesse. On trouve rarement des livres en langues africaines subsahariennes. Nos langues sont une chance, elles font parties de notre identité. Nous devons les valoriser et les préserver en les écrivant. Avec mon édition, je souhaite promouvoir et vulgariser les langues et les cultures ouest-africaines et favoriser l’alphabétisation. J’ai été agréablement surprise car le besoin est immense. Beaucoup de parents, comme moi ont cherché ce genre de livres pour leurs enfants. Il parait que les enfants veulent lire Mamady dans toutes les langues! Et oui les enfants sont curieux et ne demandent qu’à apprendre! J’ai également des demandes d’associations culturelles mais aussi d’écoles. Ces livres sont une façon de relier parents venus d’ailleurs et leurs enfants nés dans les pays d’accueil. Mais également faire connaître au reste du monde nos cultures au delà des clichés pour favoriser la cohésion sociale.
Comment vos livres sont accueillis en France et que doivent faire ceux qui sont intéressés pour s’en procurer?
Je fais plusieurs salons pour sensibiliser parents sur l’importance de la transmission de leurs cultures. Car un enfant qui connait ses racines sera un adulte consciencieux! Mes livres sont, pour le moment, disponibles sur la page facebook Wagadou jeunesse. Mon site https://wagadoujeunesse.tictail.com/, sur la page Facebook Wagadou Jeunesse, à la librairie Averrroes à Creteil, au magasin Forêts d’Afrique à Montreuil et la librairie Panafricaine Tamery.
Le monde du livre et de l’édition exige beaucoup de moyens surtout pour quelqu’un qui a opté pour le bilinguisme. Comment faites-vous en sortir et pérenniser ce projet qui vient combler un vide?
Les premiers fonds d’investissement viennent de ma propre poche. Je rends grâce à Dieu. J’ai pu démarrer mon activité avec des partenaires qui ont cru en mon projet et m’ont beaucoup facilité la tâche. Vue la lourdeur des charges, je ne me verse pas de salaire pour le moment. Je me bat pour pérenniser ce projet. L’objectif est l’autofinancement. Les fonds récoltés serviront à financer d’autres ouvrages Insha Allah.
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