INTERVIEW – L’international Boubacar CISSOKHO : «Le handicap n’est pas un frein dans ma vie»

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Soninke.tv – L’athlète  international sénégalais, Boubacar Cissokho, plus connu sous le nom de Lassana (Lass) est un handicapé de catégorie 4. Ce spécialiste du lancer (disque et poids), natif de Golmy, dans le département de Bakel, sociétaire du Dakar université club (DUC), depuis 2016, est en constante progression. Dans le classement mondial (World Ranking) 2018, dominé par le Brésilien Thiago Paulino dos Santos, Boubacar Cissokho est classé onzième. Il est le deuxième africain derrière l’Algérien Mohamed Ouchene (9e). Agé de 27 ans, médaillé d’Argent aux derniers championnats d’Afrique à Rabat au Maroc, en 2017,  il a participé à plusieurs compétitions internationales dont les derniers Jeux de la solidarité islamique de Bakou en Azerbaïdjan. Cissokho pratique aussi le basket avec le HandiStar de Grand Dakar, club avec lequel il a remporté plusieurs trophées. Dans cette interview accordée à Soninke.tv, il y a quelques mois, Boubacar Cissokho parle de sa vie de sportif et de ses objectifs. Il adresse aussi un message  aux personnes handicapées physiques  pour les inciter à ne jamais baisser les bras.

ENTRETIEN…

(…)

Boubacar Cissokho, vous êtes athlète international pratiquant plusieurs disciplines en handisport. Parlez-nous de votre vie de sportif.

Je suis né et j’ai grandi à Golmy. Avant de venir au sport, j’ai exercé différents métiers.  J’ai été tailleur et j’ai fait la plomberie. J’ai commencé à m’intéresser véritablement au sport  en 2010 avec  le basketball.  Je joue depuis au HandiStar de Grand Dakar, club avec lequel j’ai remporté plusieurs titres. Ensuite, des dirigeants du club m’ont encouragé à faire de l’athlétisme. Je me suis alors  inscrit à cette discipline, au lancer (javelot, disque et poids). J’évolue au Dakar université club de Dakar(DUC) depuis 2016. Au début, c’était difficile. Il y avait d’abord le regard des autres. Puis, le manque de moyens. C’était très difficile d’assurer le transport tous les jours pour aller aux entrainements. Malgré tout, je ne me suis jamais découragé. J’y croyais et je me disais que  tôt ou tard je récolterai les fruits de mon travail, de mes sacrifices. Aujourd’hui,  je ne dirais pas que la vie est rose mais je tire une grande satisfaction de la pratique du sport.

 

 

Qu’est-ce-que le sport vous a apporté comme satisfactions depuis que vous avez commencé à pratiquer?

La pratique sportive a fait qu’aujourd’hui je n’ai plus de complexe dans la société. Je peux me retrouver dans n’importe quel groupe et m’exprimer. Au début ce n’était pas le cas. Mais, mes coéquipiers, mes coachs et mes encadreurs m’ont beaucoup motivé et aidé à dépasser ce stade. (Je saisi l’occasion pour rendre un hommage appuyé à mon entraîneur du DUC, Nicolas Ndiaye et toutes les personnes qui m’encouragent). Le sport m’a ouvert beaucoup de portes et m’a  permis de faire des rencontres intéressantes. Aujourd’hui, je fais partie des meilleurs dans la catégorie lancer.  Grâce au sport j’ai voyagé.  Un de mes souvenirs inoubliables, c’est mon déplacement à Marrakech, au Maroc, en 2016, pour des qualifications.  Quand je suis monté dans l’avion, j’avais ressenti un grand soulagement. J’ai oublié toutes les difficultés que j’avais traversées jusque là. Cela m’a beaucoup encouragé et fait comprendre qu’un handicap ne doit pas être un handicap, un frein dans la vie d’une personne. Un handicap ne peut pas empêcher une personne engagée et déterminée de réussir et de se réaliser.  Et moi, je suis de cette catégorie. Je suis déterminé à aller très loin dans le sport. Mon handicap ne peut plus être un frein qui m’empêchera de m’épanouir ou d’avoir des ambitions dans la vie comme toute autre personne. Je voudrais remercier mes parents, mes encadreurs, mes coachs, mes coéquipiers et mes amis qui sont pour beaucoup dans la motivation qui m’anime.

 

Quel appel lancez-vous aux personnes vivant avec un handicap et qui n’ont pas la même réussite que toi?

Je les invite à ne jamais baisser les bras, à toujours se battre. Parfois, c’est très difficile. Mais, il faut s’engager. Rien n’est facile dans la vie. Dans la société  la personne porteuse d’handicap est vue comme une personne diminuée, inutile. Une personne qui ne compte pas. Il faut surmonter tout cela et s’imposer. Moi, j’y crois toujours et je suis prêt  à partager ma modeste expérience avec les personnes  qui vivent avec un handicap. J’invite aussi les parents à être plus compréhensifs et à accompagner les personnes vivant avec un handicap. Il faut les soutenir pour  leur permettre d’exprimer leurs talents. L’Etat doit aussi mettre en place des politiques qui favorisent la réussite des personnes vivant avec un handicap et accompagner les pratiquants. Car, la haute compétition ce n’est pas seulement l’amour  de la pratique et la volonté d’aller loin. Il faut des moyens, des conditions de travail minimales et des stages à l’étranger pour pouvoir rivaliser avec les meilleurs en Afrique et dans le monde.

Soninke.tv

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